Quelle était l’inspiration derrière la couverture?
C’est New York en janvier. Tout comme ça aurait pu être Tokyo, Paris, Londres, Shanghai, Sao Polo ou Le Caire. Nous étions dans le processus final du mix de notre album, et je marchais lors d’une soirée particulièrement glaciale. Alors que le froid tentait d’exercer son emprise sur moi, cette scène (qui devint la couverture du EP « Youthful Dreams Of An Old Empire ») m’a particulièrement marqué. La ville, encore plus que le froid en soi, semblait vouloir exercer sur moi une emprise comme jamais auparavant, dans un mouvement étrangement statique, les lumières néons et autre couleurs artificielles essayant de simuler une vie globalement reconnue, obscène abandon à une âme collective. Nous sommes tous sans visage et identiques face aux rêves que nous caressions autrefois et de tout ce qui désormais nous domine, comme si nous nous étions perdus quelque part entre notre perpétuel désir d’émanciper nos âmes plutôt que d’être transformés. Nous sommes devenus la réflexion de l’édifice, parfaitement alignés et organisés afin de produire l’habile illusion d’un chaos créatif, triste ironie de nos faire-croires et autres tentatives pour épurer notre nature indomptable de son imperfection et vivacité en échange d’une quelconque illusion de sécurité ne visant qu’à notre propre préservation.
Comme si la vie, la plus irrévocable incarnation d’art qui soit, était devenue la personnification plastifiée de qui nous sommes, mirage collectif de ce qui jadis nous poussait à définir et redéfinir les couleurs de l’invisible, maintenant considéré par notre nature apprivoisée comme les couleurs de la nature défiante d’un rêve proscrit.
La nature dominante de tout empire demeure la résilience qu’il possède à s’imposer à notre intrinsèque désir de liberté et l’opposition dont il fait preuve face à notre volonté de vivre au-delà des frontières. Lorsque nous abandonnons notre peur fondamentale d’échouer, nous rêvons tous à nouveau, rêvons tous de nouveau à nouveau. Et de nouvelles teintes voient le jour sous nos yeux. Nous avons peut-être été aveuglés par d’artificiels néons, mais chaque empire connaît sa chute, puisque les yeux sont inutiles à la vision. C’est ce que j’ai vu. Et le temps que j’ai pris pour contempler cette scène, songeant à l’illusion de tenir bon et au lâcher prise nécessaire afin de tenter sa chance à la vie, explique les sérieuses engelures dont j’ai souffert de retour au studio cette même nuit. Les autres membres du groupe sont toujours convaincus que je me suis arrêté à l’appartement d’un très bon ami à moi sur le chemin du retour… tout le monde entretient la nature de ses illusions et faire-croires, n’est-ce pas?
Lisez l’article original (en anglais) ici